Quand j’étais petite, je voulais être pharmacienne.

J’avais tout pour réussir dans cette voie mais la vie avait d’autres plans pour moi et je suis devenue ingénieur.

Et puis, parce que j’avais intensément soif d’horizons et de rencontres, j’ai bifurqué assez vite vers le marketing. Je suis alors devenue cadre marketing dans le secteur des télécoms et ai navigué sur ces eaux-là pendant quelques années. Sur le fond, j’aimais ce que je faisais : mon sens à la fois analytique et créatif y était quotidiennement sollicité, je trouvais ma place dans les équipes, je voyais rapidement le sens de mes actions.

Mais – sans doute comme beaucoup de gens – je ressentais aussi un intense sentiment d’incompréhension : j’avais grandi avec le goût de l’effort et le respect des règles mais tout cela ne m’apportait qu’un plaisir superficiel. Je ne comprenais pas comment je pouvais m’épanouir au contact d’une vie aussi standardisée, rythmée par l’infernal métro-boulot-dodo parisien…

Heureusement la belle relation avec mon homme était là pour rattraper le reste : une rencontre sur un coup de chance, une relation vécue comme une évidence malgré nos différences, une sincérité parfois rude mais toujours sans faille.

Il y a à peu près 10 ans : j’avais besoin d’un projet qui me soit personnel et j’ai alors décidé de quitter le confort du grand groupe et de créer ma propre agence web.

Je n’étais pas prête, je n’avais aucune idée de comment j’allais m’y prendre mais le besoin était pressant ! Des mois après avoir lancé mon activité, sans carte ni boussole, avec la seule envie d’apprendre et de progresser, j’ai eu la chance de travailler pour mon premier gros client.

Une vraie gratification mais qui arrivait presque trop tard : je sentais déjà les effets de l’isolement et de l’épuisement, la confiance en moi de mes débuts s’était évanouie, mes finances étaient déjà dans le rouge.

Je vivais aussi une des pires expériences qui arrivent à certaines d’entre nous : j’enchainais les fausses couches et mon désir d’enfant me mettait les nerfs à rude épreuve. Trop d’efforts. D’attentes déçues. Je n’en pouvais plus. Il était sans doute écrit que l’aventure de mon indépendance professionnelle s’arrêterait là. Là où s’imposait mon désir d’enfant.

5 ans plus tard – j’avance un peu dans mon histoire (il y a eu plein d’autres choses entre les deux mais je garde cela pour plus tard) – , j’avais la chance de voir grandir mon petit garçon et étais enceinte de mon deuxième enfant.

Mon homme et moi avions quitté momentanément Paris à l’annonce inespérée de ma première grossesse. Nous avions tout quitté : nos familles, nos jobs, notre vie urbaine – même imparfaite -, notre appartement, nos repères.

Et nous en étions immensément heureux et soulagés.

Reconstruire une nouvelle vie sur-mesure : un pari fou à la hauteur du cadeau qui nous était fait ! Je n’avais pas retrouvé ma place professionnellement mais la joie d’accueillir et d’accompagner dans la vie notre petit Raphaël et bientôt notre second bébé Alexandre n’avait pas d’équivalent.

Malgré tout, j’étais toujours à la recherche de sens professionnel et je gardais l’œil ouvert.

Je rêvais que tout ce que j’avais appris au cours de mes expériences passées, je pourrai un jour le partager avec des personnes engagées dans le même chemin.

Que cela puisse se faire de manière compatible avec mes choix de vie personnelle. Parce que ma liberté m’importe avant tout.

Mais bien sûr, c’était sans compter avec mes croyances limitantes, avec ma peur de recommencer les mêmes erreurs, de ne pas réussir une seconde fois, de me blesser.

Avec mon désir de rester – faussement – « au chaud », de m’épargner, de faire comme tout le monde parce que c’est plus simple.

La réalité est qu’il n’y a aucun confort à faire taire la petite voix qui vous souffle à l’oreille « Vas-y! ». Passer le cap de ses peurs et de ses doutes change tout.